Cinéma caméra, Penser le futur
Exposition M’hammed Kilito
Cinéma Caméra, c’est l’histoire d’une rencontre, celle du photographe M’hammed Kilito avec le cinéma intime et profondément humaniste de Hakim Belabbes. Cinéma Caméra, c’est l’histoire d’un hommage et d’un pèlerinage sur les lieux d’un tournage… Une histoire de caméras, d’êtres humains, de regards et de complicités. Et tout comme le réalisateur qui nous raconte des histoires, le photographe ici nous révèle celles d’habitants de Bejaâd, une petite ville de la région de Béni Mellal-Khénifra.
Flashback…
En 2008, Hakim Belabbes tourne These hands (Ces mains-là) dans la ville qui l’a vu naître. Le film, qui surfe entre fiction et réalité, s’attache aux destins d’artisans de Bejaâd, le potier, le forgeron, les tisseuses, le projectionniste,… Autant de vies simples qui se croisent et se dévoilent sous le regard de Hakim Belabbes, pour «la mémoire de Bejaâd».
Retour au présent…
En 2018, These hands fête son 10ème anniversaire, M’hammed kilito part alors sur les traces du film pour tenter de retrouver les personnages réels qui l’ont tant ému à l’écran et leur proposer de poser, cette fois-ci, devant son appareil photo ; pour explorer et questionner aussi… Dix ans plus tard, que sont-ils devenus ? Certains acceptent, d’autres refusent, l’épicier des miracles et Dkaiki ne sont plus de ce monde… M’hammed Kilito parcourt les rues de la petite ville, en saisit la poésie, la déshérence, des bribes d’architectures désertées, des détails réels qui frôlent l’abstraction. Il rencontre et photographie le troubadour, la tisseuse, le potier, le forgeron,… Il immortalise le cinéma abandonné, qui s’étiole et se desquame ainsi que le projectionniste qui en conserve l’histoire et les archives.
Le résultat photographique de cette plongée exploratoire dans l’histoire d’un film, d’un lieu et de gens est empreint d’une grande poésie en même temps qu’il est un constat à la lisière du documentaire, comme l’est le film. Les images de M’hammed Kilito captent ce qui ne se voit pas, la lenteur du temps qui passe, la fatalité, la singularité, l’amnésie. Une approche réfléchie, patiente et profondément humaine de son sujet, «dans la lignée de la sociologie visuelle» et dans les pas de Hakim Belabbes. Un regard respectueux, objectif et sensible qui s’inscrit avant tout dans le partage de la mémoire.
© Florence Renault-Darsi, commissaire de l'exposition, juin 2018
Cinema Camera is the story of a meeting, that of the photographer M’hammed Kilito with the intimate and deeply humanist cinema of Hakim Belabbes. It is a tribute and a pilgrimage to the film's shooting location … A story of cameras, human beings, looks and complicities. And just like the director who tells us stories, the photographer reveals here those of inhabitants of Bejaâd, a small town in the Beni Mellal-Khénifra region.
Flashback …
In 2008, Hakim Belabbes films These hands in the city where he was born. The film, which surfs between fiction and reality, focuses on the destinies of Bejaâd’s craftsmen, the potter, the blacksmith, the weavers, the projectionist, … So many simple lives that intersect and unfold before the eyes of Hakim Belabbes, for “the memory of Bejaâd”.
Back to the present …
In 2018, These hands celebrate its 10th anniversary, M’hammed Kilito follows the film tracks to try to find the real characters who have moved him so much on the screen and offer them to pose, this time, in front of his camera; to explore and question too … Ten years later, what has become of them? Some people accept, others refuse, the grocer of miracles and Dkaiki are no longer of this world …
M’hammed Kilito travels the streets of the small town, seizes its poetry, escheat, bits of deserted architecture, real details that graze abstraction. He meets and photographs the troubadour, the weaver, the potter, the blacksmith, … He immortalizes the abandoned cinema, which is fading and peeling, as well as the projectionist who keeps the history and the archives.
The photographic result of this exploratory dive in a film’s history, a place and of people is marked by great poetry at the same time as it is a statement at the edge of the documentary, as is the movie.
M’hammed Kilito’s images capture what can not be seen, the slowness of passing time, the inevitability, the singularity, the amnesia. A thoughtful, patient and deeply human approach to his subject, “in the lineage of visual sociology” and in the footsteps of Hakim Belabbes. A respectful, objective and sensitive look that fits above all in the sharing of memory.